Ce matin, nous nous sommes levés très tôt. Nous sommes allés au col du Béal avec Fabien, accompagnateur de moyenne montagne, pour comprendre la formation des paysages du Livradois-Forez au fil des âges. Sur ce plateau de hautes chaumes culminant à 1390m, la vue était magnifique. Quelques vaches y avaient déjà pris leurs quartiers d’été. Nous y avons observé les 3 étages de végétation caractéristiques de ce massif montagneux: subalpin, montagnard et collinéen.
Après une trentaine de minutes de marche, Fabien a préféré rebrousser chemin pour que nous puissions nous abriter d’un orage soudain. Bien lui en a pris ! Les éléments se sont déchaînés. Des trombes d’eau se sont abattues sur les estives. En voiture, nous sommes donc redescendus à une station d’observation de l’étage montagnard appelée « Camelot ». Là, nous avons pris le temps de pénétrer dans une forêt mixte ancienne.
Cultivée intelligemment depuis cinq siècles, nous avons pu y observer différentes essences à des stades de développement différents. Les coupes d’arbres y sont en effet raisonnées. Les arbres ayant une valeur commerciale y sont prélevés régulièrement sans impacter l’équilibre de cet écosystème. Les hêtres et sapins s’y ressèment naturellement dans les trous de végétation créés par la coupe réfléchie ou la chute d’un arbre. Ces espèces ombrophiles autochtones peuvent ainsi être récoltées tous les 150 ans sans que des pans entiers de montagne aient besoin d’être mis à nu. Cette forêt est ainsi devenue une niche écologique à haute valeur environnementale. Des espèces très sensibles à la qualité de l’air (lichens) et à un niveau de biodiversité minimum (chouettes boréales) s’y installent.
L’après-midi, nous avons poursuivi notre découverte de la formation des paysages en salle et autour du Brugeron. Avec Fabien, nous avons retracé toutes les étapes depuis l’apparition de l’espèce humaine dans ce milieu montagnard jusqu’à nos jours. Le Livradois-Forez a été très peuplé du Haut Moyen-Âge jusqu’au début du XXe siècle. A une altitude moyenne inférieure à 1100m, les terres y ont été cultivées ou pâturées. Depuis l’exode rural des Trente Glorieuses, les prés et champs ont disparu au profit de plantations d’épicéas et de sapins de Douglas. Seule inquiétude, et non des moindres, les forêts « anciennes », installées depuis des centaines d’années, sont de plus en plus souvent rasées à blanc pour planter des champs d’arbres à croissance rapide au grand dam des habitants. Sans doute intéressant dans une logique de gains financiers à court-terme mais très préoccupant étant donné l’impact écologique de cette pratique sylvicole…nous nous étonnons d’ailleurs que de telles actions puissent aujourd’hui, encore, être mises en œuvre alors que notre société se dit si « respectueuse de l’environnement ». Créer des espaces écologiquement pauvres en détruisant des aires de biodiversité nous paraît en effet être une aberration très éloignée du développement durable promu !
Nous clôturons cette journée en nous demandant quel monde nous voudrions pour demain. Ce monde idéal semble laisser une part importante à la Nature cherchant à la préserver, à la sanctuariser, à lui donner plus de place dans notre quotidien. Nous débattons et nous interrogeons sur nos visions respectives. Encore un peu de temps pour rédiger notre rapport de stage en mode coopératif, permaculture oblige ! Encore quelques heures pour fêter, comme il se doit, l’anniversaire de Zoé !